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Théâtre Durance, un si long entracte


Le théâtre de Château-Arnoux, qui offrait pour 2020-2021 une riche programmation de spectacle vivant, de danse et de musique, oscille entre tentatives de réinvention et perte de sens. Petit tour dans les coulisses d’un lieu qui redéploie son énergie tant bien que mal pour continuer de favoriser la création, sans le public.


Le Théâtre Durance faisait partie des signataires du référé-liberté. Cette scène conventionnée d’intérêt national n’a pu montrer que les deux premiers spectacles de la saison. En l’absence d’annonce de date de réouverture par le gouvernement, la direction a décidé d’annuler la programmation jusqu’aux vacances de février au moins.


Car le montage d’un spectacle prend du temps. La programmation est choisie un an à l’avance par la directrice Élodie Presles. Les aspects administratifs et techniques, ainsi que la communication en amont demandent plusieurs mois d’anticipation, tout comme les partenariats qui sont construits avec le cinéma, la médiathèque, les écoles et les librairies. Les annulations en cascade ont entraîné le remboursement de la totalité des billets. Un problème logistique plutôt que financier, car la billetterie ne représente que 10 % des recettes de ce lieu en grande partie subventionné par des instances publiques.


Derrière le rideau, les résidences


En dépit des portes closes, des idées ont germé pour tirer parti de ce temps de fermeture forcée. « Nous sommes fermés, mais nous continuons de tourner », explique Camille Wehrlé, chargée de la communication et des relations presse. « L’équipe du théâtre déploie les activités que les salles ont toujours le droit de porter : les résidences de création et les actions dans les établissements scolaires. »


Les locaux sont investis par des artistes invités pour développer leurs créations. Le groupe de rock marseillais Parade est venu enregistrer son album début décembre. « On a été très bien reçus, raconte Jules, le chanteur. Un des rares bons côtés de la fermeture des salles, c’est qu’elle permet à des groupes d’enregistrer dans des conditions fantastiques. On avait la vue sur la montagne pour faire du rock. On était là pour enregistrer des morceaux déjà écrits, mais ce cadre m’a aussi inspiré pour la suite. »


En février, la compagnie Okkio s’installe sur le plateau pour travailler la mise en lumière du spectacle jeune public À nous deux, et le Trio Jazz Experience répète des compositions. En plus du prêt des locaux, le théâtre apporte un soutien financier aux projets, soutien qui peut passer par une coproduction. Les sorties de résidence sont parfois présentées sur scène aux professionnels du secteur, avec une jauge très limitée. Camille Wehrlé dresse un bilan mitigé : « D’un côté, les artistes sont heureux d’avoir des espaces pour continuer à travailler. Mais de l’autre, il n’y a pas de perspectives de diffusion. »



« Intervention dansée » à l'école des Mées le 1er février.
« Intervention dansée » à l'école des Mées le 1er février.

Spectacle intime pour les élèves


Poursuivant ses actions éducatives, le théâtre organise en février une tournée dans sept établissements scolaires, imaginée par le Centre Chorégraphique National de Tours. Le spectacle Dans ce monde de Thomas Lebrun, un « tour du monde dansé » créé à lorigine pour la scène avec quatre danseurs, a été remanié en fonction des contraintes du moment : un duo exécute pour les élèves une « intervention dansée », composée dextraits du spectacle et d’improvisations. Une performance itinérante réduite à sa plus simple essence qui laissera sûrement une forte impression aux jeunes spectateurs.


Le public qui manque


Cependant, difficile de garder le moral pour les artistes et léquipe du théâtre qui les accompagne. « Nous sommes partagés entre la prise en compte du contexte sanitaire et la colère face aux décisions concernant notre secteur d’activité », confie Élodie Presles. « Si l’on ne rouvre pas, l’intérêt de créer s’amoindrit. Le principal, pour les artistes comme pour nous, reste la rencontre entre l’œuvre et le public : c’est l’aboutissement de tout notre travail. Nous espérons retrouver le public le plus vite possible. »

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