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« Je veux sculpter des femmes puissantes », Lætitia Marty


Le loup et la femme, 36 x 18 x 18 cm, 2021.
Le loup et la femme, 36 x 18 x 18 cm, 2021.

Sculpteure et céramiste née en 1980, Lætitia Marty est nouvellement installée à Saint-Michel-l’Observatoire. Elle présente ici un travail en cours, intitulé provisoirement Le loup et la femme.


Quels matériaux utilisez-vous ?

J’ai choisi le grès chamotté, une terre noire contenant de petits morceaux de terre cuite concassés, fins comme du sable. Plus elle est cuite, plus elle noircit. En la cuisant à 1050 degrés, j’obtiens la tonalité de bruns que je souhaite. Mes mains sont mon outil principal. Je peux parfois utiliser un couteau quand le travail est très fin, pour sculpter un visage par exemple. Je n’émaille pas, j’aime conserver le côté brut de la terre. Cependant, certaines pièces ont des couleurs, que je réalise avec des engobes, qui sont des oxydes mélangés avec la terre et qui la font changer de couleur.


Quels sont vos gestes et procédés de création ?

Je pars toujours d’une image forte qui est présente en moi, qui prend le dessus sur les autres et qui a besoin de sortir. Je commence avec une structure minimale, un squelette de terre, un buste sur une tige. J’essaye de ressentir la position, de voir si elle correspond à l’émotion que j’ai envie de reproduire. Je regarde aussi si elle accroche l’œil, et j’opère des changements si c’est nécessaire. Puis, je travaille par ajout de plaques de terre, de petits bouts déchirés. Les bras, les jambes et la tête sont maintenus avec des tiges métalliques. Je triture, j’ajoute, ou enlève de la terre. J’ai commencé par des petits formats pour des raisons pratiques – la taille du four et celle de l’atelier. Les petites sculptures demandent des gestes minutieux. Quand on fait des pièces plus grandes, il y a plus d’investissement au niveau du corps, et une différence de technique en raison du poids, et du temps de séchage, plus long.


Parlez-nous de votre sculpture Le loup et la femme.

L’image de la femme et du loup me sont apparus alors que j’étais dans un état méditatif. Il y avait cette femme dans la neige d’un blanc immaculé. Et à côté d’elle, le loup. Depuis quelque temps, je suis concentrée sur les corps de femmes, les figures féminines ancestrales et universelles. Je nourris aussi cet imaginaire avec des lectures, notamment celle du livre Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estès, qui parle de la femme puissante, libre et créative. Cela fait écho à une évolution en moi : au début, je sortais des corps chétifs, repliés sur eux-mêmes, et maintenant j’ai tendance à sculpter des femmes puissantes. Il y a un côté fier dans l’attitude de cette femme. C’est une femme sauvage, qui vit seule dans la nature. Elle est avec le loup, mais elle ne le possède pas. Il y a une égalité et une intimité entre eux. Dans le travail de la terre, j’essaye de donner à la sculpture un côté brut, tout en faisant en sorte qu’une expression, une âme, ressorte. C’est un travail qui n’est pas encore achevé. Je vais le cuire et le fixer sur un socle. La première phase, je l’ai terminée le 28 janvier, sans savoir que c’était la « pleine lune du Loup ».


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