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Des parcours artistiques en pleine nature

Le Cairn à Digne-les-Bains

ambulo ergo sum, par herman de vries. « Je marche, donc je suis. »
ambulo ergo sum, par herman de vries. « Je marche, donc je suis. »

Le CAIRN, centre d’art, est un « laboratoire artistique en montagne » qui accueille depuis 2000 des artistes en résidence pour qu’ils créent des œuvres in situ, liées à des lieux spécifiques, en prenant en compte la beauté des sites naturels, l’histoire et le patrimoine local. Une expérience de visite exceptionnelle, qui transforme notre regard sur le territoire.

C’est sous une pluie chaude de juillet, dans une atmosphère presque tropicale, que j’ai fait ma première expérience du musée-promenade du parc saint-Benoît, un parcours jalonné d’œuvres d’art contemporaines qui serpente dans un sous-bois en suivant une ascension douce à flanc de montagne.


Muni d’une carte fournie à l’entrée, le visiteur est invité à suivre un sentier tracé, à faire une boucle dans un sens où dans l’autre, mais aussi à s’écarter du chemin pour entrer dans une réserve à papillons, ou pour contourner l’eau qui s’écoule d’une étonnante cascade de calcaire (tuf).


Aux merveilles naturelles viennent s’ajouter les œuvres d’artistes d’envergure internationale, comme Andy Goldsworthy, britannique pionnier du land art, Joan Fontcuberta, Paul-Armand Gette, Catherine Marcogliese et Sylvie Bussières. Sculptures, photographies et installations sonores invitent à mobiliser les cinq sens tout en se questionnant sur le rapport de l’homme à la nature. Si possible, sans glisser sur les lichens du jardin japonais...

La visite en marchant

Une immense majorité des créations des artistes passés par le CAIRN est disséminée dans la montagne, au cœur des 200 000 hectares du territoire de l’UNESCO Géoparc de Haute-Provence. Le livre L’art des parcours est un formidable guide de randonnée pour partir à leur rencontre.


Entraîné par l’un des itinéraires cartographiés du livre, on entreprendra par exemple depuis le village d’Entrages une petite heure d’ascension vers la chapelle Saint-Michel-de-Cousson (XVIIe siècle), bâtie sur un promontoire rocheux à 1 500 mètres d’altitude, qui offre un point de vue splendide sur les trois vallées de la Bléone, des Eaux-Chaudes et de l’Asse.


Quarante minutes et un pique-nique plus tard, on pourra contempler, entre les sommets du petit et du grand Cousson, l’œuvre de Richard Nonas, Col; the second day. Cette série de rails en bois massif disposée entre deux montagnes met en valeur un lieu intermédiaire, un interstice, un espace permettant le mouvement.

Après une nouvelle ascension sur un sentier qui longe une falaise à pic, c’est l’inscription philosophique d’herman de vries « sis nunc hic » (« Sois maintenant ici » en latin) qui apparaîtra, gravée à la feuille d’or sur la pierre au-dessus d’un passage particulièrement vertigineux. Une injonction à prendre conscience de l’instant vécu au moment où l’on progresse au bord du vide.


Le paysage et l’expérience


Ces œuvres in situ entrent en dialogue avec les éléments des espaces naturels protégés qui les entourent : humus, arbres, plantes, fleurs, insectes, champignons, ruisseaux, rochers, montagnes. Elles sont si étroitement liées au milieu dans lequel elles viennent s’inscrire qu’elles forment « comme des couches de paysage supplémentaires », selon les mots d’Andy Goldsworthy.


Côté spectateur, l’expérience est exceptionnelle : elle se fait sur le terrain, loin du musée, en toute liberté, et après l’effort de la marche. Les lumières varient selon les saisons et la météo. Le regard du randonneur change selon son humeur, la joie, l’éblouissement, la fatigue, le vertige, la compagnie ou la solitude. Autant de possibilités qui confèrent à ces randonnées sensibles une saveur particulière : celle d’une émotion intime qui ne sera jamais reproductible à l’identique, mais qui pourra être renouvelée différemment à chaque parcours.


CAIRN centre d’art • Musée promenade • parc Saint-Benoît • Digne-les-Bains

L’exposition anniversaire « Flash-back, une brève histoire du CAIRN », visible jusqu’au 31 octobre, relate l’histoire des vingt ans de ce lieu de diffusion de l’art en territoire rural • Commissaire : Nadine Gomez-Passamar

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